Le comté de Bruce sur une lancée

Auteure : Lyndsay D’Entremont, coordinatrice d’AgriRÉCUP dans l’est

Situé dans le sud-ouest de l’Ontario, le comté de Bruce niche entre le lac Huron et la baie Géorgienne. L’agriculture, profondément ancrée dans la région, présente une forte concentration d’exploitations d’élevage. C’est donc un lieu idéal pour un projet pilote* avec AgriRÉCUP.

J’ai eu le plaisir de travailler en collaboration avec des agriculteurs et des municipalités. Depuis 2022, nous visons à éviter que les plastiques utilisés à la ferme (ficelles, emballages de balles et bâches et couvertures d’ensilage) prennent le chemin du site d’enfouissement local. J’ai profité des réussites de collègues qui ont surmonté de nombreux obstacles au début. L’établissement et la mise en fonction de points de collecte aux sites d’enfouissement locaux ont nécessité beaucoup de travail et de dévouement. Il en va de même pour l’acquisition des équipements, ainsi que pour la recherche de fournisseurs de services spéciaux capables de satisfaire les exigences d’un cahier des charges très spécifique.

Sous sa forme courante, le projet présente deux choix aux agriculteurs. Ils peuvent ensacher les matériaux, puis les livrer à sept points de dépôt municipaux du comté de Bruce. De là, ces sacs pleins collectés prennent le chemin d’une installation de récupération d’énergie. D’un autre côté, AgriRÉCUP a distribué plusieurs unités de compactage aux agriculteurs. Ainsi, directement à la ferme, ils créent des balles de film plastique envoyées directement à un recycleur de l’Ontario.

Les chiffres de la collecte montrent que tous ces efforts portent fruit. En 2021, au cours de la première année de collecte, le programme a évité à 9 944 kilogrammes de plastiques de prendre le chemin d’un site d’enfouissement. La sensibilisation progressive au programme et la confirmation des besoins ont permis la collecte de 43 800 kg en 2022. L’an dernier, le programme a progressé en popularité. Les 110 107 kg collectés en 2023 traduisent l’immense soutien des utilisateurs.

Ces chiffres montrent l’importance de la mise en place et du maintien d’un programme de récupération des plastiques pour balles et ensilage. Mon travail à des sites d’enfouissement dans le passé fait que je sais de première main combien ces matériaux sont problématiques. En raison de leur longueur et de leur élasticité, ils peuvent se coincer dans les équipements lourds. Cela entraîne temps de travail et coûts supplémentaires. Sans compter qu’ils occupent un espace important dans le site d’enfouissement. Tout un défi pour de nombreuses municipalités aux capacités d’enfouissement limitées ou en baisse.

Lors de mon passage dans le comté de Bruce, j’ai vu des agriculteurs se rendre aux points de dépôt, très satisfaits d’y déposer des sacs remplis de matériaux dans les espaces prévus à cet effet. Tous exprimaient des commentaires positifs à l’égard de ce programme. Les agriculteurs apprécient son accessibilité. Ils soutiennent pleinement l’idée de récupérer ces plastiques dans la mesure du possible. Ils aiment la facilité et la commodité de déposer leurs sacs pleins aux points de dépôt, rassurés que les sacs évitent le site d’enfouissement. C’est acquis, l’option sacs convient à une grande variété d’utilisateurs. Cependant, la mise en balles des plastiques, plus efficace côté logistique permet aussi de réaliser des économies.

Une approche hybride combinant les options « sacs » et « balles » semble être la prochaine étape naturelle. AgriRÉCUP et le comté de Bruce étudient les moyens d’optimiser les connaissances acquises et les outils couramment utilisés sur le terrain. Au fur et à mesure que le programme se raffine, nous sommes heureux de constater qu’agriculteurs et municipalités s’engagent à poursuivre leurs efforts pour atteindre l’objectif « zéro déchet plastique ».

Le projet pilote du comté de Bruce m’a enseigné beaucoup sur la résilience, le dévouement et la détermination des secteurs de l’agriculture, des municipalités et celui des déchets. L’harmonisation des pratiques agricoles et des compétences en matière de gestion des déchets peut contribuer à garantir un environnement plus sain et à protéger les terres dont nous dépendons tous. Les apprentissages reliés à ce projet me réjouissent du fait d’avoir été un petit rouage du grand ensemble de la promotion d’un avenir durable pour l’agriculture.

* Le gouvernement canadien finance en partie ce projet dans le cadre du Programme des priorités stratégiques agricoles canadiennes (PPSAC) d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Ce programme comprend un investissement de 50,3 millions de dollars sur cinq ans. Il vise à aider le secteur agricole à s’adapter et à rester concurrentiel. Le financement prend fin le 31 mars 2024.

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